La difficile équation d’Ouyahia

TSA
La difficile équation d’Ouyahia

Le RND tiendra son conseil national le 9 juin à Zéralda, avec comme ordre du jour l’évaluation des résultats des élections législatives, les problèmes socio-économiques du pays et la préparation des élections locales.

À l’issue du Conseil national, Ahmed Ouyahia animera une conférence de presse. Une occasion pour le chef du RND de s’exprimer enfin sur un sujet qu’il a totalement ignoré à la surprise générale : le dernier remaniement.

Depuis l’annonce du changement de gouvernement, Ahmed Ouyahia observe un silence intrigant. Plusieurs éléments peuvent expliquer cette attitude du chef du RND qui occupe également le poste de directeur de cabinet de la présidence.

Il y a d’abord la déception de voir la participation du RND au gouvernement réduite à seulement trois ministres d’importance moyenne (Mohamed Mebarki, Tayeb Zitouni et Azzeddine Mihoubi) et le secrétaire général du gouvernement, Ahmed Noui. Il a même perdu un ministère stratégique, l’Industrie et l’investissement, récupéré par son rival, le FLN. Mieux, sur les ministres restants, aucun n’est considéré comme un proche d’Ouyahia.

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Avant le remaniement, Ahmed Ouyahia avait pourtant proposé sa propre « liste » de ministrables. Des proches parmi les proches, dont Chihab Seddik et Abdelkrim Harchaoui.

Mais les noms proposés n’ont pas été retenus par la présidence. Dans ce contexte, le RND, arrivé deuxième après le FLN aux législatives du 4 mai, apparaît comme l’un des plus grands perdants du dernier remaniement.

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Ouyahia n’a pas réussi à placer ses hommes ni à offrir au RND un nombre de ministres qui traduirait correctement le « succès » du parti aux dernières législatives.

Résultat : une totale incompréhension mêlée à un sentiment de frustration qui ronge les militants et cadres du parti. De quoi malmener la position déjà fragile du Secrétaire général. Sur Facebook, des militants du parti ne cachent plus leur désarroi. Dans un message publié sur un compte au nom d’Ahmed Ouyahia (qui n’appartient pas cependant au Secrétaire général du RND), un militant évoque une trahison. « Combien de fois nous avions été vaincus sans combat », écrit-il.

Dans ce contexte, le silence d’Ahmed Ouyahia est avant tout un message politique. En affichant publiquement son mécontentement quant au dernier remaniement – selon nos sources, il ne se rend pas régulièrement à la présidence de la République -, il cherche clairement à quitter son poste de chef de cabinet du président Abdelaziz Bouteflika.

Mais Ouyahia le sait : avec Bouteflika, on ne démissionne pas. Il attend donc à être déchargé de ses fonctions à la présidence de la République.

Mais est-il dans l’intérêt du président Bouteflika de le libérer de ses fonctions de Directeur de cabinet ? Pour le chef de l’État, maintenir Ouyahia à la présidence, c’est une façon d’avoir un œil permanent sur lui. Le laisser partir, est une option risquée.

Aujourd’hui, avec 100 députés à l’APN, Ahmed Ouyahia est à la tête d’une force politique qui peut ambitionner de faire jeu égal avec le FLN. Il peut espérer peser dans la perspective de l’élection présidentielle de 2019. Lors de la dernière campagne des législatives, Ahmed Ouyahia a clairement affiché ses ambitions : il se prépare dans la perspective de la succession à Bouteflika.

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