Bruno Le Roux, ministre de l’Intérieur français, a effectué, mardi 7 mars, une visite de travail en Algérie. Le responsable français est reparti sans avoir été reçu par le président Abdelaziz Bouteflika. Le ministre, venu préparer la visite du premier ministre, Bernard Cazeneuve, prévue dans les prochaines semaines, a été reçu par le Premier ministre Abdelmalek Sellal et par son homologue de l’Intérieur Noureddine Bedoui.
Bruno Le Roux a quitté Alger sans faire de déclaration. Et aucun accord n’a été signé à part l’évocation d’une coopération dans le domaine de la protection civile.
Le dernier ministre de l’Intérieur français à être reçu en audience par le chef de l’État était Manuel Valls, en octobre 2012. Le même Manuel Valls est revenu en Algérie, en avril 2016, en tant que Premier ministre. Il avait suscité la polémique, après avoir publié une photo sur Twitter montrant Bouteflika physiquement affaibli.
Depuis la publication de cette photo et la crise diplomatique qu’elle a suscitée, aucun officiel français n’a été officiellement et publiquement reçu à la présidence de la République. Même Emmanuel Macron, candidat à l’élection présidentielle, n’a pas eu ce privilège, lors de sa visite le 13 février où il a pourtant été accueilli comme un chef d’État.
Par le passé, Bouteflika a toujours offert du thé et du café aux candidats français à la magistrature suprême lorsqu’ils passent par Alger, étape, parfois importante, dans la course à l’Elysée.
Est-ce le signe d’un froid diplomatique entre les deux capitales ? En France, en plein débat sur les présidentielles, la presse et les politiques ne semblent pas prêter attention, pour l’instant, à cette situation.
Octobre 2016, le mois le plus chargé pour Bouteflika
Depuis juin 2016 et jusqu’à février 2017, le président Bouteflika a reçu plusieurs leaders, chefs d’État et de gouvernement, ministres et Émirs étrangers, mais aucun Français. Octobre 2016 était le mois où il était le plus actif en une année : il a inauguré l’Opéra d’Alger, rendu visite au chantier de la Grande Mosquée, reçu les lettres de créance de six ambassadeurs, présidé le Conseil des ministres. Il a consacré des audiences aux Premiers ministres du Niger et de la Tunisie, au président du Conseil présidentiel libyen, au vice-président de l’Inde et à l’ancienne présidente d’Indonésie.
En novembre et décembre 2016, Bouteflika a consacré neuf audiences à ses visiteurs étrangers. Il s’agit de l’Émir du Qatar, du Premier ministre du Lesotho, du vice-président du Conseil des ministres des Émirats, de l’Émir saoudien Turki Ben Mohamed Ben Fahd, des Premiers ministres de Mauritanie et de Belgique, du ministre aux Affaires du cabinet princier de l’Émir du Koweït, du président tunisien et du vice-président du Nigéria.
Durant la même période, il a effectué deux déplacements au Carré des Martyrs à Riad El Feth et à la nouvelle ville de Sidi Abdallah à Alger, comme il a inauguré la ligne ferroviaire Birtouta – Zeralda.
En janvier 2017, le Président a consacré quatre audiences à ses visiteurs. L’Émir saoudien Ben Saoud Kebir Al Saoud est la dernière personnalité étrangère à avoir rencontré le président Bouteflika, le 23 janvier.
Courant février 2017, le chef de l’État n’a accordé aucune audience. La visite de la chancelière allemande Angela Merkel a été reportée en raison de « l’indisponibilité temporaire » du chef de l’État suite à une « bronchite aiguë », selon les termes d’un communiqué de la présidence de la République. Prévue le 12 mars 2017, la visite du président iranien Hassan Rohani à Alger, dans la cadre d’une tournée africaine, a été reportée à demande de la partie iranienne, selon le ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra.
Le ministre espagnol des Affaires étrangères, Alfonso Dastis Quecedo, arrivé mercredi 8 mars, n’a pas été reçu par Bouteflika. La plupart des chefs de diplomatie du Royaume d’Espagne, en visite en Algérie, ont eu des audiences à la présidence de la République. L’Algérie et l’Espagne sont liées par un traité d’amitié et l’Espagne figure parmi les partenaires commerciaux les plus importants pour l’Algérie.
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