L’accord de l’Opep, conclu fin novembre à Vienne -visant à réduire la production mondiale excédentaire- a permis une remontée du baril à 55 dollars contre 30 dollars début 2016. Mais la production de pétrole aux États-Unis pourrait nuire au rééquilibrage du marché.
Il y a encore quelques semaines, un tel scénario -aussi rapide et efficace- paraissait peu probable. Pourtant, un mois après l’entrée en vigueur de l’accord de l’Opep sur une baisse de la production de brut, une enquête de Reuters montre que les États membres du cartel ont respecté à 82% leurs engagements en matière de production en janvier.
Pour rappel, les 14 pays de l’Opep s’étaient engagés à Vienne fin novembre, à réduire leur production de 1,2 million de barils par jour à 32,50 millions de bpj au premier semestre 2017. Dans une note publiée il y a quelques jours, le cabinet d’études spécialisé Petro-Logistics indiquait que « l’offre Opep est partie pour diminuer de 900 000 bpj en janvier, ce qui suggérerait un degré élevé à ce stade de respect de l’accord de limitation de la production ».
L’Arabie saoudite, premier producteur mondial de brut, a réduit son quota de production de plus de 486 000 bpj, chiffre fixé dans l’accord. Les pays non-membres du cartel ont également joué le jeu. Ainsi, la Russie, par la voix de son ministre de l’Énergie, a indiqué mercredi 1er février que la production russe avait diminué de 117 000 bpj en janvier. Moscou s’était engagé à réduire sa production de 200 000 bpj d’ici la fin du premier trimestre puis de 300 000 ensuite.
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L’ombre américaine
Si ces annonces laissent à penser que le marché se rééquilibre après trois années noires, le spectre d’une hausse de la production américaine risque de faire de nouveau plonger les prix.
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Certes, les indicateurs sont officiellement au vert. Une enquête réalisée par Reuters auprès de 31 analystes et économistes indique que le prix moyen des contrats à terme sur le Brent devrait s’établir à 58,01 dollars le baril en 2017.
Mais les derniers chiffres de la production américaine publiés mercredi 1er février risquent de noircir le tableau. Les stocks américains de pétrole brut ont augmenté plus que prévu la semaine dernière, de 6,5 millions de barils pour atteindre 494,76 millions. Les économistes attendaient en moyenne une hausse de 3,3 millions de barils, rappelle Reuters.
De plus, les craintes relatives à l’augmentation de la production de pétrole de schiste sont élevées. Les majors pétrolières, au régime sec en raison de la chute des cours amorcée mi-2014, revoient désormais à la hausse leurs investissements et tablent sur une relance de la production de pétrole non conventionnel (qui redevient rentable avec un baril à 50 dollars). Pour exemple, Exxon Mobil a prévu d’augmenter ses dépenses à environ 22 milliards de dollars (20,37 milliards d’euros) cette année, contre 19,3 milliards en 2016. Mais une hausse de la production de pétrole non conventionnel risquerait d’annuler les efforts consentis par les autres pays producteurs de pétrole et engendrerait une nouvelle chute des cours.
Ryad, meilleur partenaire de Washington ?
Enfin, Donald Trump, le nouveau locataire de la Maison blanche pourrait, de par sa politique très favorable aux hydrocarbures -un décret a notamment relancé la semaine dernière deux projets de pipeline suspendus sous la présidence Obama- avoir un impact sur les cours mondiaux.
Cette nouvelle orientation est d’ailleurs saluée par l’Arabie saoudite, premier producteur mondial de brut, qui compte bien en tirer profit pour diversifier son économie. « Le président (Donald) Trump poursuit une politique qui est bonne pour l’industrie pétrolière et il faut en prendre acte (…) Il se démarque d’une politique irréaliste, beaucoup trop tournée vers les énergies non fossiles », a fait savoir le ministre de l’Énergie, de l’Industrie et des Ressources minérales, Khalid al-Falih, dans une interview accordée à la BBC et diffusée ce mercredi. « Nous avons investi des milliards de dollars dans le raffinage et la distribution aux États-Unis et nous pourrions augmenter encore cet investissement au vu de la politique de l’administration Trump favorable à l’industrie, au pétrole et au gaz », a-t-il ajouté.
Mais la politique énergétique de Trump pourrait donc -dans les prochains mois- ne plus vraiment susciter l’enthousiasme de Ryad. Si l’Arabie saoudite cherche à se diversifier, elle a toutefois intérêt à ce que le baril de brut se maintienne à un niveau élevé. En avril 2016, Ryad a dévoilé « Vision 2030 », un vaste programme pour sortir le pays de sa dépendance au pétrole. L’une des mesures phares de son grand plan économique réside dans l’ouverture au capital de près de 5% du géant pétrolier Aramco en 2018 qui permettra la création d’un fonds souverain de 2 000 milliards de dollars. Mais, si le marché ne parvient pas à se rééquilibrer, et que les prix chutent, cette opération pourrait se révéler nettement moins lucrative.
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