Les dures révélations du médecin légiste

Médecin légiste, Rachid Belhadj se montre très technique. Il affirme avoir constaté, lors de l’examen externe, deux impacts de balle. La première, sur la joue gauche, qui a été enlevée à l’épaule. Elle a traversé le cavum, la langue, puis le cou avant de se loger dans l’épaule. La seconde a touché la tempe gauche et provoqué l’éclatement de la boîte crânienne. «Cela fait 20 ans que j’exerce. Je peux dire que l’auteur a tiré sur la joue, du haut vers le bas sur une victime qui était assise et un peu fléchie», dit-il avant que Oultache ne réplique de loin : «Ce ne sont pas mes tirs. Moi, j’étais assis et lui debout. J’ai visé le côté droit et le thorax. Il y a même une photo qui montre l’impact avec du coton.» Me Sidhoum exhibe la photo et le médecin légiste explique : «Cette photo a été prise après l’autopsie, et les sutures des ouvertures. Cela n’a rien à avoir avec les impacts des balles.» Me Fatma Zohra Chenaif lui demande d’expliquer ce qui s’est passé. «En fait, c’est le deuxième coup qui lui a été fatal. Quand la victime a reçu la première balle, elle s’est relevée. Elle a essayé de se déplacer. Ses organes vitaux n’ont pas été touchés. La deuxième balle a touché la zone temporale au moment où elle était à terre. Il y a eu un éclatement de la boîte crânienne, et la balle n’a pas été trouvée.» Le médecin légiste est formel : si Tounsi «avait été secouru après le premier coup, il serait vivant, mais le deuxième l’a touché au moment où il était tombé par terre. La balle a rencontré une surface dure à sa sortie, elle a fait des dégâts.» Le juge lui demande si le tir était de loin, et le témoin est affirmatif : «Le coup était trop près.» «Les radios montrent la trajectoire des balles» Me Belarif revient sur le premier rapport de constat et le médecin légiste affirme avoir été joint par le procureur dans un premier temps par téléphone, puis par réquisition. «Quand je suis arrivé, le sang était encore chaud, mais je ne me rappelle pas de l’heure exacte.» «Vous avez fait le descriptif physique, mais le certificat ne mentionne pas la chemise», lance Me Belarif. Le Dr Belhadj : «Sur les lieux, la police scientifique a fait des prélèvements. De notre côté, on fait des examens sur le corps. C’est-à-dire le constat de décès et non les causes du décès, qui elles demandent plusieurs autres examen.» Me Belarif veut savoir si une balle peut changer de trajectoire, et le témoin est affirmatif : «Bien sûr et elle laisse des traces, qu’on peut déceler par une simple radio. Elle peut même en changer plusieurs fois, tout dépend du calibre, de sa vitesse, si elle touche un objet dur ou tendre.» Il affirme aussi qu’une balle semi-blindée peut provoquer beaucoup de dégâts.  Interrogé sur le lieu de l’autopsie, le témoin indique que les premiers examens ont été effectués à la clinique des Glycines, «mais après avoir été désigné pour l’autopsie, j’ai demandé à ce que le corps soit transféré au CHU Mustapha, pour procéder aux radios. Toutes les opérations ont été effectuées au service de médecine légale». Sur la question de savoir à qui remettre les balles retrouvées sur le corps, le Dr Belhadj révèle : «Depuis les années 1990, on remet les pièces au laboratoire scientifique, avec la copie de réquisition et tous les éléments trouvés.» Le médecin ne cesse de répéter : «La balle est allée se loger derrière les vertèbres du côté de l’épaule droite. Lorsqu’il a été touché, le défunt a été déstabilisé. Il s’est penché sur la droite de son bureau. S’il avait reçu les soins, il serait vivant. Il n’avait pas de lésion cérébrale. Il s’est levé avant de tomber. Ce qui explique les lésions sur le visage. S’il s’était soulevé, la balle n’aurait pas provoqué de lésions aussi graves. Elle serait sortie. La tête était plaquée au sol quand la deuxième balle l’a atteint.» Me Sidhoum : «Où sont les lésions explosives ?» Le témoin : «Regardez le cuir chevelu. Il est comme déchiqueté.» L’avocat n’est pas convaincu. Il dit que c’est juste les marques d’«un rasage». Le Dr Belhadj : «La radio est là pour le montrer. Scientifiquement, il ne s’agit pas d’un rasage. Ce sont les effets de l’éclatement.» L’avocat lui demande comment a-t-il déterminé le calibre de la balle qui a causé les dégâts. Le témoin : «J’ai exercé durant toute la période du terrorisme, j’ai appris à connaître la balistique. J’ai dit que c’est un calibre 38 de par mes connaissances.» Il révèle qu’en matière de rédaction du rapport d’autopsie, «on demande toujours des examens complémentaires et on remet les balles extraites au laboratoire scientifique de la police, qui nous aide beaucoup». Me Belarif lui demande comment il a déduit que le premier coup était celui de la joue et non pas celui de la tête. «Il est impossible que le coup tiré dans la tête soit le premier», lance-t-il.

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