Le Maroc utilise l’économie pour retourner l’Afrique en sa faveur

Le Maroc envisage de devenir membre « à part entière » de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CADAO). Presqu’un mois après avoir intégré l’Union africaine (UA), Rabat a exprimé, vendredi 25 février via un communiqué royal, « sa volonté d’adhérer » à cette organisation régionale composée de quinze États membres dont le Mali et le Niger, deux pays considérés comme la profondeur stratégique de l’Algérie.

« Le Royaume du Maroc a informé, aujourd’hui, son Excellence Madame Ellen Johnson Sirleaf, présidente du Libéria et présidente en exercice de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest de sa volonté d’adhérer à cet ensemble régional en tant que membre à part entière », a indiqué le communiqué royal cité par Telquel.

Cette demande marocaine intervient également suite au discours du roi Mohamed VI lors de la clôture du dernier sommet de l’UA, tenu fin janvier à Addis Abeba en Éthiopie, dans lequel il avait laissé entendre « la fin proche de l’Union du Maghreb arabe (UMA) ».

« La flamme de l’UMA s’est éteinte, parce que la foi dans un intérêt commun a disparu », avait-t-il déploré. « Aujourd’hui, nous constatons avec regret que l’UMA est la région la moins intégrée du continent africain, sinon de toute la planète : alors que le commerce intrarégional s’élève à 10% entre les pays de la CEDEAO, et à 19% entre les pays de la SADEC, il stagne à moins de 3% entre les pays du Maghreb », avait-il ajouté.

Certes, le Maghreb reste la région la moins intégrée du continent, voire du monde. Mais on ne peut pas dire que le Maroc a œuvré pour la réussite de l’UMA. Le royaume n’a ratifié que 8 des 37 accords et traités conclus dans le cadre de l’UMA, tandis que l’Algérie en a ratifié 29, la Tunisie 28, la Libye 27 et la Mauritanie 25. Outre la non-ratification des accords et traités de l’UMA, c’est bel et bien Rabat qui a gelé ses activités en 1995.

À travers cette nouvelle offensive diplomatique en Afrique de l’Ouest, le Maroc, déjà membre observateur de la CEDEAO, espère consolider sa position politique à l’échelle continentale, notamment au sein de l’UA.

« Le Maroc veut accroître son influence en Afrique pour mettre à la porte ou marginaliser  la RASD et contrebalancer le poids de l’Algérie. Il cherche le soutien de l’Afrique et l’économie est un instrument, pas un but en soi. Il marque des points car l’Algérie n’a plus les moyens d’antan et sa diplomatie n’est plus aussi dynamique à cause, notamment, de la maladie de son ‘premier diplomate’ Bouteflika », explique un spécialiste de la politique marocaine.

Le but étant d’obtenir, dans un premier temps, la majorité qualifiée au sein de l’UA pour l’exclusion de la République arabe sahraouie démocratique (RASD). D’ailleurs, Rabat n’a jamais caché ces intentions sur cette question. Pour l’instant, ces efforts ne sont pas couronnées de succès : cette semaine, le Mali et la Zambie ont clairement refusé de retirer leur soutien à la RASD.

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