Emmanuel Macron, ex-ministre français de l’Économie et candidat aux prochaines élections présidentielles en France, a achevé ce mardi sa visite de deux jours en Algérie. Il a été reçu par les autorités algériennes avec les honneurs et l’égard généralement réservé aux chefs d’États.
Accueilli hier à l’aéroport par le ministre de l’Industrie Abdesselam Bouchouareb, Macron a d’abord été reçu par le ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra, qui a expliqué qu’« Emmanuel vient en ami ». Le leader du mouvement « En Marche ! » a par la suite été reçu par le Premier ministre Abdelmalek Sellal en personne au Palais du Gouvernement. Macron a également rencontré ce mardi le président du Forum des Chefs d’Entreprises (FCE), Ali Haddad.
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Emmanuel Macron n’a pas visité l’Algérie les mains vides. Il a en effet exposé sa vision de comment devrait s’articuler le partenariat entre l’Algérie et la France s’il venait à être élu président. Un partenariat qui s’articulerait autour de trois axes : l’éducation, la culture et bien entendu l’économie, aspect stratégique majeur pour la France dans ses rapports avec l’Algérie, notamment durant le quinquennat du président François Hollande.
Le projet de Macron pour la relation franco-algérienne n’est pas particulièrement révolutionnaire. Bien qu’il mette le doigt sur deux aspects vitaux qui devraient être la priorité de l’Algérie, à savoir la formation et les énergies renouvelables, le projet d’Emmanuel Macron manque de mesures concrètes et se limite pour le moment à des déclarations d’intention.
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Surtout, rien n’indique à priori qu’il existe du côté des autorités algériennes une réelle volonté politique de mener à succès des projets communs avec la France. L’idée d’un illusoire partenariat « gagnant – gagnant » entre les deux pays n’est pas une invention du candidat Macron, et le pouvoir algérien n’a jamais semblé particulièrement dérangé par le déséquilibre flagrant au profit de la France des bénéfices tirés de la relation algéro-française. Pire : certains projets proposés par Emmanuel Macron, tel que l’ouverture de nouveaux établissements français en Algérie, risque de provoquer une levée de boucliers de la part de certaines franges de la population algérienne, qui y verraient là un exemple manifeste d’une politique néocolonialiste redynamisée. La rhétorique des islamistes à ce sujet est servie sur un plateau.
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Pourtant, Emmanuel Macron revêt une importance stratégique pour le pouvoir algérien. Dans une élection présidentielle française très incertaine, dérouler le tapis rouge aujourd’hui à l’ex-ministre de l’Économie permettra à n’en pas douter au pouvoir algérien de s’assurer de certaines garanties dans le cas où Macron venait à accéder demain au plus haut sommet de l’État français. C’est cette même logique d’entretenir d’excellents rapports avec François Hollande qui avait permis au pouvoir algérien de recevoir un retour d’ascenseur salutaire, et d’ajouter le mot « alacrité » à son vocabulaire, lorsque les doutes quant aux capacités du président Bouteflika avaient commencé à se faire entendre.
Plus que l’importance stratégique qu’il revêt, Emmanuel Macron semble surtout être l’unique option du pouvoir algérien lors des prochaines présidentielles. Des trois favoris de la prochaine présidentielle (Le Pen, Macron et Fillon), c’est le seul qui semble disposer à se prêter au jeu de l’alliance avec l’Algérie. Plus qu’un choix, le soutien politique des dirigeants algériens à Macron a donc par défaut été imposé par les circonstances. Car quel que soit le futur président français, le pouvoir algérien actuel reste toujours tributaire du soutien de la France, qui représente plus que jamais la caution de légitimité d’un pouvoir à bout de souffle.
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