Un haut diplomate algérien en Tunisie accusé de harcèlement sexuel

Un haut diplomate algérien actuellement en poste à Tunis est accusé par une employée d’attentat à la pudeur, harcèlement et agression sexuelle. La victime N. L. a déposé une plainte le 23 mai dernier auprès du tribunal d’Alger par la voie de son avocat maître Benkraouda Amine. Malgré les éléments matériels dont on dispose et le témoignage de la victime TSA a choisi de ne pas dévoiler l’identité du mis en cause jusqu’à l’aboutissement du procès.

« J’aurai probablement pu comprendre si j’étais encore jeune fille, mais là, je n’y comprends rien du tout. Le pire est que je risque de perdre mon emploi et plus grave ma réputation ». Âgée de 55 ans, N. L. est vacataire au guichet de l’état civil du consulat général d’Algérie à Tunis depuis six ans. Jusqu’à l’année dernière, tout allait pour le mieux et c’est même avec plaisir qu’elle faisait son travail dit-elle. Le haut diplomate qu’elle met en cause « est arrivé en février 2015. Au départ, il était très prévoyant à mon égard : ‘’bent bladi’’ », disait-il. Il serait de ma région et il connaîtrait mon père et mon oncle.  Il m’a demandé mon numéro de téléphone pour raison de services – numéro que j’ai donné et que je donne à tous mes collègues et citoyens », confie-t-elle.

« Tu ne dois avoir peur de quoi que ce soit… »

Cette grand-mère était loin de se douter qu’une chose pareille pouvait lui arriver à elle. Aujourd’hui, c’est la peur au ventre qu’elle dévoile son histoire. Elle a du mal à contenir ses émotions lorsqu’elle se souvient de cet instant où il lui a demandé son âge. « Tu ne les fais pas ! Tejebdi el maa » lui aurait-il dit ! N. L. prétend qu’à partir de ce jour-là, le diplomate n’a cessé de lui répéter : « Tu es une belle femme. Je serais toujours là pour toi et je te protégerai. Personne ne te touchera ». Il aurait cherché également à connaitre son statut et son mode de vie.

L’homme l’aurait même harcelée avec des invitations à dîner et des visites de tout instant à son poste de travail. Mais l’employée reste réservée. Elle assure avoir décliné ses invitations. Elle affirme également avoir évité tout rapprochement pouvant le conduire à penser qu’il était libre de la toucher. Pourtant, « ses visites deviennent fréquentes au service de l’état civil, poursuit-elle, au point où elles ne passaient pas inaperçues et mes collègues se posaient des questions ».

« L’ambiance devenait pesante »

Ses collègues se doutaient de quelque chose, selon elle. « Mais ils n’arrivaient pas à caractériser la situation qui a impacté non seulement l’ambiance de travail mais aussi la discipline », indique-t-elle. N. L. soutient que la situation a dégénéré. L’homme en question se serait acharné contre elle de toutes les manières possibles. Il lui envoie des messages à travers lesquels il lui fait des propositions indécentes, selon des SMS qu’elle a gardés et fait authentifier. L’agression physique était la goutte qui a fait déborder le vase. N. L. saisit un avocat et lui envoie un rapport par e-mail pour lui raconter les faits.

Le texte où la victime décrit son agression supposée est glaçant. « Il se lève et se penche sur moi pour me saluer de manière familière, la bise, et essaie alors de m’embrasser sur la bouche et de toucher ma poitrine. Je me suis défendue en le repoussant, mais pris d’un accès de folie il me retient contre lui et tente de dégrafer mon chemisier », écrit-elle. Le récit ne s’arrête pas là. « Ne pouvant pas me déshabiller, il m’empoigne alors par les cheveux, me tire vers lui et me fait baisser la tête violemment. Et me dit « tu vas voir qui est le maître ».

La plainte est déposée au tribunal d’Alger

« C’est sur la base des articles 341 bis et 335 alinéa 1 du Code pénal, que nous avons déposé plainte d’une manière officielle, le 23 mai 2016, auprès du ministère public à la Cour d’Alger », affirme Me Benkraouda, avocat de la victime. Il précise que cette plainte a été « établie sur la base de preuves palpables disponibles à notre niveau ». Ces preuves sont constituées d’une dizaine de messages envoyés par le mis en cause à la victime par le biais de l’application Viber.

« Les messages contiennent des mots vulgaires, qui portent atteinte à la pudeur évidement de ma cliente. Il y aussi des messages de pression sur elle en tant qu’employée. Celle-ci m’a transmis par ailleurs un rapport détaillé où elle raconte les pressions et les abus en tous genres exercés quotidiennement sur elle », a détaillé l’avocat.

Le diplomate réfute tout en bloc  

Contacté ce mardi 31 mai par téléphone, le diplomate a nié les faits qui lui sont reprochés. Il assure qu’il n’est pas au courant de cette affaire. « Je connais la bonne dame. Bent bladi. Nous sommes du même patelin. Je l’ai protégée et elle porte plainte contre moi. C’est une pauvre femme seule, j’ai tout fait pour l’aider… Voilà que cela se retourne contre moi », dit-il. Concernant les messages envoyés, il répond : « elle n’a qu’à démontrer ce qu’elle prétend. C’est tout ce que j’ai à vous dire ».

Le mis en cause prétend que Mme N. L.  a été influencée par une député RND. « C’est elle qui l’a remontée contre moi. C’est cette député RND qui est à l’origine de cette histoire parce que j’ai refusé qu’elle se mêle des affaires consulaires », a-t-il précisé.

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