La mondialisation est un défi commun aux pays du Maghreb qui ont les mêmes faiblesses structurelles. Le Maghreb est une des régions économiquement les moins intégrées au monde. Le volume des échanges commerciaux intermaghrébins ne dépasserait pas 3% du total des échanges commerciaux avec l’extérieur, alors que pour nos voisins de l’Union européenne, il avoisine 60%.
Le volume des investissements entre les pays du Maghreb plafonnerait quant à lui autour de 5%. Pourtant, au Maghreb, nous avons des entreprises à performance élevée qui ont accompli un très long chemin pour aboutir à des productions de qualité et à des prix très compétitifs sur le marché maghrébin voire international.
L’entreprise que je dirige, les Laboratoires Venus, en fait partie.
Notre entreprise a été créée en 1981 dans un contexte économique extrêmement difficile en Algérie. En effet, à l’époque, l’État détenait le monopole sur tout et particulièrement sur l’importation des matières premières. Nous étions donc rationnés en matière d’intrants. Nous étions confrontés à un choix crucial entre faire du volume pour répondre à une demande bien supérieure à l’offre ou opter pour qualité et habituer notre clientèle à l’excellence.
Naturellement, nous avons fait le choix de la qualité. Nous étions également très attentifs aux négociations de notre pays avec l’OMC. Nous avons anticipé sur l’ouverture du marché en préparant notre entreprise, notre management et nos salariés aux futurs enjeux.
Les Laboratoires Venus figurent parmi les premières entreprises privées algériennes à être certifiées ISO 9001 puis 14001 pour devenir enfin leader national dans les produits cosmétiques avec plus de 180 produits fabriqués en Algérie.
Je tiens à préciser que dans le domaine des cosmétiques, l’ensemble des entreprises leader dans le monde sont des multinationales alors que nous restons une entreprise familiale. Une exception algérienne qui confirme la règle.
Je dois également dire que cette réussite n’aurait pas pu avoir lieu sans notre partenaire financier la Banque Extérieure d’Algérie. Sans la Banque extérieure d’Algérie, notre ambition, notre volonté d’entreprendre et nos projets d’envergure n’auraient pas pu aboutir.
La BEA nous a fait une totale confiance et nous a accompagnés financièrement en temps et en heure dans les moments les plus difficiles et particulièrement pendant la décennie noire du terrorisme où nous avons lutté, à notre manière, en réinvestissant nos bénéfices dans le développement de l’entreprise pour permettre à notre économie de résister mais aussi pour donner des perspectives d’avenir plus radieux à nos salariés.
Aujourd’hui nous avons 480 collaborateurs et cinq sites de production. L’un de sites est entièrement dédié à la production de nos emballages que nous n’importons plus depuis 2011.
Nous exportons vers les pays du Maghreb, du Moyen Orient, en France et en Afrique jusqu’à Madagascar.
Dans nos pays du Maghreb, d’autres entreprises dans plusieurs secteurs d’activité sont tout autant performantes.
EN identifiant les entreprises maghrébines les plus compétitives, nous pourrions commencer à ébaucher une approche économique fondée sur certaines complémentarités de marché, de produits et une certaine vision pragmatique d’une union économique pour attirer l’investissement étranger et avoir une meilleure position lors des négociations internationales ou régionales.
Les banques maghrébines constituent un carrefour incontournable pour ces entreprises et peuvent être de véritables leviers dans le renforcement de la coopération économique dans le Maghreb. Pour stimuler l’économie de chacun des pays et résoudre ainsi en grande partie les problèmes de l’emploi des jeunes.
Le Maghreb est un marché de 100 millions de consommateurs.
L’accompagnement au développement de la compétitivité de nos entreprises régionales pour répondre aux besoins de ce marché voire aux besoins du marché africain donnerait un formidable souffle nouveau à nos économies.
Au Club des entrepreneurs et industriels de la Mitidja (CEIMI), l’organisation patronale que je préside, forte de 1 300 PME – PMI, toutes intégrées dans une démarche de développement et de modernisation, nous sommes persuadés que le Maghreb n’a pas vocation à être indéfiniment le marché de l’Occident.
Nous avons progressé dans notre stratégie de création de plus-value en misant sur la recherche. Nous avons progressé dans nos modes de management en pariant sur la formation professionnelle et en collaborant avec l’université algérienne.
Naturellement, nous nous impliquons dans la stratégie économique nationale et nous mettons à profit les réformes pour faire prospérer nos entreprises et participer ainsi au développement de la croissance et à l’effort national de résorption du chômage. Mais nous n’avons jamais perdu de vue que nous sommes ancrés dans un espace régional où nous avons tant en commun : la langue arabe mais aussi la maitrise du français, la culture amazigh, l’Islam et l’histoire commune.
Nous avons pour devise d’aborder l’avenir en nous basant sur ce qui nous rassemble plutôt que sur ce qui nous divise.
C’est cette devise, je vous propose de l’exporter vers l’ensemble des pays du Maghreb pour bâtir un espace économique fort et solidaire.
Pour bâtir cet espace, il nous faudra cependant réfléchir à la création de nouveaux outils.
Je pense notamment à la création d’un organisme maghrébin d’identification de l’offre industrielle maghrébine et de promotion des entreprises maghrébines ; au développement d’un réseau des entreprises maghrébines qui pourraient présider à la création de fédérations sectorielles et l’accompagnement par les banques maghrébines à la création de comptoirs communs hors de la zone Maghreb.
Avec un peu d’audace et en favorisant des stratégies d’intégration, le Maghreb peut assumer son rôle économique aussi dans le bassin méditerranéen.
Car l’enjeu de l’intégration économique pour le Maghreb réside aussi dans le rapport que nous voulons entretenir avec l’Union européenne dans le cadre de sa politique de voisinage. En Algérie, nous pensons que l’espace méditerranéen doit se construire à partir des deux rives de manière harmonieuse et respectueuse.
Enfin, j’invite les entreprises maghrébines à venir nous rencontrer dans nos structures pour montrer que nous ne sommes pas dans le slogan mais bien dans l’action.
*DG des Laboratoires Venus et président du Club des entrepreneurs et industriels de la Mitidja (CEIMI)
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