Droits d’auteur en Algérie : « Les pirates nous ont coulés »

Le piratage tue l’artiste. Le piratage tue la qualité de l’œuvre. Il tue surtout le travail du créateur. De la musique au cinéma en passant par les jeux vidéo, tout est bon à prendre pour les pillards.

En Algérie, aucun secteur de la création n’est épargné. Du plagiat à la contrefaçon d’objets de décoration, tout y passe. Cependant le plus grave, est lorsque les autorités cautionnent ou ferment les yeux sur cette amère réalité.

Rue, Didouche Mourad, dans le centre de la capitale du plus grand pays d’Afrique. Le « Club Mondial Music » est sur le point de fermer boutique. Impossible de louper l’échoppe, de tous temps, les riverains et les passants ont eu à subir la cacophonie qui y résonne. Le propriétaire Ammi Mohamed, pour les habitués, n’a pas attendu la faillite pour décider d’un changement d’activité. Dans quelques jours et après quelques travaux, les étals de son commerce ou s’allonge DVD, CD et autres recharges pour XBOX, céderont la place aux vêtements du prêt à porter.

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« Les pirates, nous ont coulés » !

«Voilà 40 ans que je suis installé sur cette avenue. J’ai accueilli tous les artistes algériens des moins connus aux plus célèbres. Mais, Internet, a tué notre activité. Ils, les pirates, nous ont coulés. Il ne nous reste plus rien !  Aujourd’hui, on se réoriente en espérant survivre. D’ailleurs, je ne sais plus quoi en faire de mes CD et DVD », confie le commerçant.

Internet, le terrain de jeux favoris de pirates de tous genres et de toutes catégories. Le commerçant qui prétend n’avoir jamais vendu de supports piratés insiste sur le fait « avant, même l’ONDA avait beaucoup de rentrées d’argent grâce à nos ventes de CD et DVD». Aujourd’hui, il suffit de disposer d’une bonne connexion Internet pour télécharger des films et de la musique gratuitement, sans aucune contrainte. Ce qui pénalise les magasins de CD et DVD, qui peinent à écouler leurs produits.

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Une cliente à la recherche des films de Louis de Funès et Fernandel qu’elle espère offrir à ses parents nostalgiques intervient : « On vient de s’installer dans un nouveau quartier ou il n’y a pas d’Internet, donc je ne peux pas encore télécharger de films. Pour le vol de la propriété intellectuelle, c’est tout le pays qui est comme ça ! », souligne-t-elle, en pensant que si les sites de téléchargements existent bel et bien, « alors, pourquoi devrait-on payer plus cher pour acheter des CD et des DVD ? ». Pour elle, c’est rajouter de l’eau à la mer comme le dit si bien l’adage. Elle confie sans états âmes : « Et puis ces artistes dont les œuvres sont piratées sont déjà millionnaires, ils ne vont pas s’en faire pour quelques miettes ».

Ammi Mohamed est loin de valider le propos de la jeune fille. Il rappelle qu’ailleurs, en France par exemple que la loi est appliquée. Que si un internaute s’aventure à un téléchargement illicite, l’État interviendrait immédiatement et il serait alors pénalisé. «Ici, denia haniya (la vie est paisible). Aucune inquiétude de ce côté-là. Tout le monde fait ce qui lui plait, c’est comme s’il n’y avait pas de lois », déplore le marchand.

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Avec le timbre de l’ONDA, le produit devient-il officiel ?

Belaid Djermane est le patron de « Izem production » à Tizi Ouzou. Son créneau, « Pas de production étrangère, seulement du national. Je travaille dans l’œuvre algérienne. Quand je diffuse un film algérien ou que j’édite un artiste, je dépose mon contrat auprès de l’ONDA. Il est accepté. L’œuvre est déclarée et les droits reversés. Quant à l’occidental, c’est une autre histoire ! », confie-t-il.

« Pour les films édités, l’ONDA a des contrats avec les producteurs. C’est-à-dire que celui qui édite, un film algérien ou étranger, est soumis au dépôt d’un contrat à l’Office des droits d’auteurs ». Ce contrat, précise M. Djermane n’est pas exclusif lorsqu’il s’agit d’œuvres occidentales. Plusieurs éditeurs tels que Sonovision, Verclam  ou encore Mercury Eurl, peuvent éditer autant de fois qui le désirent le même film ou album de musique, du moment qu’ils paient la taxe sur la copie privée à l’ONDA.

« L’ONDA ne paierait pas les droits sur les œuvres »

Selon Nadir Guendouli, producteur et manager artistique à Oran, « l’ONDA n’exige que la taxe sur la copie privée (TCP) auprès des éditeurs. La TCP sur le CD varie entre 13 et 15 DA la copie. Alors que celle du DVD est fixée à 18 DA la copie ». Concernant la musique occidentale qui se vend en Algérie, il souligne le fait que « l’ONDA reverse des royalties aux ayants droit uniquement au forfait, même si les majors comme la 20 Th Century fox, la Warner Bross… ne s’intéressent pas réellement au marché africain ».  «Ce forfait sur le DVD est né d’un terrain d’entente. L’ONDA accepte de reverser un  forfait annuel aux majors et s’assure au passage que les films piratés ne soient pas diffusés dans les salles de cinéma en Algérie », précise-t-il.

L’ONDA aux abonnés absents …

Après plusieurs tentatives, nous n’avons pas réussi à joindre le premier responsable de l’Office national des droits d’auteur et des droits voisins Bencheikh El Hocine Samy.

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