Le Maroc a décidé, en fin de semaine dernière, de suspendre « tout contact » avec l’Union européenne. La cause ? Rabat entend protester contre l’annulation en décembre dernier par la justice européenne de l’accord entre l’UE et le Maroc relatif aux mesures de libéralisation réciproque en matière de produits agricoles et de la pêche.
Le 10 décembre dernier, la justice européenne avait annulé l’accord en raison du Sahara occidental. Le texte approuvait l’application de l’accord aux territoires sahraouis occupés. Or, la justice européenne estime que le texte ne présentait pas « les garanties nécessaires pour que les ressources de la région du Sahara profitent aux habitants locaux ».
La semaine dernière, le Conseil de l’Union européenne a fait appel de cette décision de justice. Mais cela n’a pas suffi à calmer Rabat. « Dans l’attente d’explications et d’assurances nécessaires de la partie européenne », le Maroc « a décidé de suspendre tout contact avec les institutions européennes, à l’exception des discussions liées » au dossier en question, a fait savoir le gouvernement marocain.
Pourquoi le Maroc a-t-il attendu plus de deux mois pour prendre une telle décision ?
Selon une source algérienne proche du dossier, le Maroc a multiplié les initiatives depuis l’annonce de la décision de la Cour européenne de justice. Objectif : « Politiser la requête dans le but d’obtenir, par voie judiciaire, la disqualification du Front Polisario en tant que personnalité morale pouvant ester le Conseil européen en justice », explique cette source.
En vain. Les responsables européens ont refusé de suivre Rabat sur cette voie. Ils estiment que la séparation des pouvoirs et l’indépendance de la justice sont des lignes rouges à ne pas franchir, même quand il s’agit d’un partenaire soutenu par des pays puissants comme la France.
« C’est ce manque de ‘répondant’ comme le soulignait, si benoîtement, l’ambassadeur du Maroc à Bruxelles qui ont poussé les plus hautes autorités marocaines à annoncer en fin de semaine dernière cette décision de rupture des contacts avec l’UE », ajoute notre source.
Aujourd’hui, le Maroc possède trois options pour sortir de cette situation : renoncer à l’accord avec ce que cela suppose comme préjudice financier ; accepter l’accord avec des mécanismes de contrôle européens qui s’assureront que les droits des Sahraouis seront garantis, ou négocier un nouvel accord excluant le Sahara occidental.
« Une des conclusions qui s’imposent dans cette affaire est que l’UE fera tout pour réchauffer ses relations avec le Maroc mais que ce dernier doit définitivement comprendre les contraintes juridiques qui s’imposent à l’exécutif européen et qu’il doit surtout admettre que l’exercice d’auto-suggestion nourri tout au long de ces dernières années par le mythe du ‘partenaire supposé être le plus important dans la région’ a atteint ses limites », conclut-elle.
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