Ce sont des questions récurrentes : pourquoi l’Algérie est le seul pays du Maghreb où le marché parallèle des devises a une telle importance ? Pourquoi l’Algérie ne se dote pas de bureaux de change comme le Maroc et la Tunisie ? Pourquoi le gouvernement ne fait rien pour lutter contre ce phénomène, accusé d’affaiblir durablement le dinar et de favoriser le blanchiment d’argent ?
Pour tenter de répondre, il faudrait d’abord revenir à la législation algérienne en matière de change. Que dit-elle ? « Le dinar est convertible pour toutes les opérations commerciales courantes avec l’étranger, c’est-à-dire les importations de biens et de services et les transferts de dividendes. Pour les opérations financières, comme des prises de participation à l’étranger, une autorisation spéciale de la Banque d’Algérie est nécessaire », explique une source bancaire.
Du coup, les achats d’actifs à l’étranger ne sont pas autorisés, en vertu de cette loi. Or, « le marché parallèle existe parce que les Algériens cherchent à se constituer des actifs en devises à l’étranger. Tant que cette possibilité n’est pas légalement offerte par la réglementation, le marché existera », explique notre source.
L’autre problème concerne les allocations touristiques et le financement des études dans les universités à l’étranger. Située aux alentours de 130 euros, l’allocation touristique est dérisoire. Ce qui pousse les voyageurs algériens à solliciter le marché parallèle.
La multiplication des bureaux de change peut-elle constituer une solution ? « Non », répond notre source. « Les bureaux de change existent déjà en Algérie. C’est ce qu’on trouve dans la majorité des hôtels par exemple. Mais les bureaux de change ne peuvent pas travailler en dehors de la réglementation des changes. Ils ne pourront pas vendre de devises que dans le cadre de ce que prévoit la loi. Or, les opérateurs ne peuvent pas domicilier leurs transactions dans les bureaux de change au lieu des banques », ajoute-t-elle. Du coup, les bureaux de change ne pourront qu’acheter des devises et non les vendre. C’est d’ailleurs ce qu’ils font au Maroc et en Tunisie.
Mais pourquoi le Maroc et la Tunisie ne sont pas confrontés au même problème ? « C’est une question de pouvoir d’achat. Les Algériens ont amassé des fortunes ces dernières années, grâce au pétrole et à l’informel », répond notre source.
Conclusion : le gouvernement ne pourra jamais éradiquer le marché informel des devises, à moins de changer la réglementation en rendant le dinar totalement convertible. Il s’agit d’une décision économique délicate que le pouvoir ne veut pas prendre.
Il peut toutefois le réguler en s’attaquant de manière plus sérieuse à l’argent de l’informel et aux blanchiments divers. Mais également en augmentant sensiblement l’allocation touristique et en donnant la possibilité aux parents de financer les études de leurs enfants à l’étranger via une allocation au taux de change réel. Car la flambée de l’euro et du dollar pénalise avant tout les voyageurs et les familles des étudiants à l’étranger.
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