Nazim Zouioueche, ex-PDG de Sonatrach, analyse dans cet entretien les conséquences de la levée des sanctions contre l’Iran sur le marché pétrolier et l’Algérie.
Quel est l’impact, sur les cours du pétrole, de la levée des sanctions contre l’Iran ?
D’abord, c’est une bonne chose pour les Iraniens qui ont été étouffés par les sanctions durant dix ans. Ils ont d’ores et déjà annoncé qu’ils allaient augmenter leur production de 500 000 barils par jour. Évidemment, cela fera en sorte que la tendance baissière que nous vivons actuellement s’accentue. Il faut cependant préciser que le retour de l’Iran sur le marché ne fera qu’aggraver une situation qui existe déjà parce que les fondamentaux sont plus favorables à la baisse. C’est-à-dire que nous avons plus d’offres que de demandes, que les économies des pays importateurs dont la Chine se rétrécissent et que la production de pétrole et de gaz de schiste se maintient aussi malgré la baisse des prix.
Quelles seront les conséquences de cette tendance baissière sur l’Algérie ?
Nous avons une économie basée sur les exportations d’hydrocarbures. Donc cette baisse des prix aura clairement une influence néfaste sur l’Algérie. Le scénario actuel avec un baril en dessous des 30 dollars ne peut être que défavorable pour le pays. Encore une fois, la situation risque de s’aggraver. Il est certain que les marchés pétroliers anticipent les choses dont la levée des sanctions contre l’Iran. Mais le retour du pétrole iranien aura tout de même un impact sur les cours. Et il ne faut pas oublier que l’Iran est un grand pays pétrolier qui est arrivé à produire 5,7 millions de barils par jour par le passé. Je vous rappelle aussi que d’autres grands producteurs sont en dessous de leurs capacités réelles. Il s’agit de la Libye et de l’Irak.
Comment des pays comme l’Algérie doivent-ils faire face à la situation notamment pour protéger leurs parts de marchés ?
En ce qui concerne nos parts de marchés, nous avons de moins en moins de clients américains qui sont devenus pratiquement autosuffisant. Par contre, nous avons la chance d’avoir des clients plus ou moins fidèles en Europe de par l’effet de proximité. Je pense qu’il faut se battre pour accroître nos parts de marché. Et si on ne peut pas influer sur les prix, on peut chercher à maîtriser les coûts aux fins de les diminuer au maximum. Il faut faire en sorte de travailler mieux sans dépasser les délais. Les pétroliers américains producteurs de gaz et de pétrole de schiste ont réussi à diminuer leurs coûts de près de 30% !
Devrait-on s’attendre à une reprise des cours du brut ?
Une seule chose pourrait changer la situation rapidement : une réunion extraordinaire de l’Opep à l’issue de laquelle tous les pays producteurs annonceront la diminution de leur quota pour redresser les cours. Une baisse de 2 à 2,5 millions de barils par jour est indispensable. Mais cela n’est pas gagné. Le principal producteur de l’Opep (Arabie Saoudite, NDLR) considère qu’il est plus important de protéger ses parts de marché que de défendre les prix. Et avec le retour de l’Iran, ce producteur va d’avantage privilégier ses parts de marché.
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