Abbassi Madani rompt le silence. Dans une vidéo diffusée par la chaîne Al Magharibia sur sa page Facebook, l’ancien numéro 1 du FIS dissous, 85 ans, apporte son témoignage pour la première fois sur une période douloureuse de l’histoire de l’Algérie. Il parle notamment des négociations entre le FIS et Liamine Zeroual, du général Khaled Nezzar…
« Je pense que Liamine Zeroual faisait partie des personnes au sein du pouvoir qui cherchaient une solution politique. C’est la preuve que ce n’était pas toute l’armée nationale qui avait suivi Nezzar et ses amis. Une bonne partie (de l’armée) a pu faire pression et a changé les choses au sommet de l’État après que Nezzar ait quitté le ministère de la Défense. »
Poursuivant son témoignage diffusé en exclusivité par la chaîne privée basée à Londres, Abassi Madani ajoute : « Dès sa désignation (Zeroual) au poste de ministre de la Défense (juillet 1993, NDLR), une personne des services secrets algériens est venue me voir au nom de Zeroual. J’ai appelé le directeur de la prison et j’ai lui ai demandé qui lui a donné l’autorisation de permettre à cette personne de venir me voir alors que ma famille et mes avocats sont interdits de me rendre visite. Je lui ai dit, Zeroual n’a pas besoin d’envoyer quelqu’un pour me voir et je n’accepte ni Zeroual ni une autre personne qui vienne pour me fixer des conditions afin de me libérer. Quelque temps après, Zeroual en personne a nié avoir demandé à cette personne de dialoguer avec nous en son nom. »
Mais Liamine Zeroual et Abassi Madani ont fini par se rencontrer pour des négociations. « Après la création d’un Comité national chargé de trouver un accord politique, une délégation composée du général major Derradji, des avocats et une personne des associations des droits de l’homme est venue nous voir (avec Ali Benhadj) dans le cadre de cet accord. On les a reçus plusieurs fois avant que Zeroual ne devienne ministre de la Défense. Alors le Conseil national de sécurité lui confie la mission de négocier avec nous. À ce moment nous avons été contactés pour dialoguer. Nous avons accepté sur la base d’un principe qui est celui de ne jamais fermer la porte au dialogue (…) Abdelkader Hachani (ex-dirigeant du FIS en liberté) est parti avec la proposition de dialoguer avec les partis politiques en attendant de le faire avec le pouvoir », a-t-il rapporté.
Rencontre avec Zeroual
Abassi Madani poursuit son témoignage en relatant sa première rencontre avec Liamine Zeroual. « Nous avons par la suite rencontré Zeroual en personne pour la première fois dans le bureau du procureur général du tribunal militaire. Il était avec lui le général major Derradji. Deux fois, il (Zeroual) nous a demandés de faire une déclaration pour dénoncer ce qui se passe (les actes terroristes). Nous lui avons répondu que nous ne dénonçons pas, nous agissons lorsque nous serions convaincus. »
L’ancien numéro 1 du FIS dissous admet qu’il était prêt à appeler les terroristes à cessez-le-feu. « Nous étions prêts à venir en aide pour éteindre le feu. Nous lui avions demandé de libérer ceux qui étaient en mesure d’aller voir les concernés (les groupes armés) et éteindre le feu, pour revenir ensuite à la prison. Ils ont refusé. Le dialogue a été interrompu pendant un moment. Il a repris suite à une lettre que j’ai envoyée à Liamine Zeroual. J’ai écrit la lettre pour lui signifier que nous étions prêts à continuer le dialogue. J’y ai émotionné les solutions pour régler la crise qui est devenue compliquée. Il y avait une plateforme pour le dialogue. L’homme l’a acceptée et a promis de la diffuser, de la présenter aux partis lors de leurs rencontres. Zeroual a tenu sa promesse et la lettre a été diffusée ».
Abassi Madani a confirmé les déclarations récentes du général Betchine sur les négociations entre le pouvoir et l’ex-FIS. « Nous avons poursuivi le dialogue avec Mohamed Betchine en tant que représentant du président Zeroual. Cet homme était le premier qui avait travaillé pour la tenue de la première réunion entre les dirigeants du FIS et feu Chadli Bendjedid dans les années 1990. Nous lui avions dit que moi et mon frère Ali Belhadj, étions prêts à sortir de la prison pour appeler à l’arrêt de l’effusion du sang et nous retournerions par la suite en prison ». Abassi Madani a ajouté que le général Derradji, qui était présent, a dit « impossible ».
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