Les brevets de patriotisme d’Ahmed Ouyahia

Ahmed Ouyahia, secrétaire général du RND et directeur de cabinet de la présidence, a apporté son soutien jeudi à Abdeslam Bouchouareb, ministre de l’Industrie également du RND. « Nous vous connaissons M. Abdeslam, nous savons que vous êtes un patriote », a déclaré Ouyahia à l’attention de Bouchouareb.

Qui a remis en cause le patriotisme d’Abdeslam Bouchouareb ? Le secrétaire général du RND n’apporte pas de précisions, évoquant simplement des « gens qui n’ont rien de mieux à faire ».

La déclaration d’Ouyahia soulève une grande interrogation, celle du droit intrinsèque de quiconque d’adouber quelqu’un d’autre du titre de patriote. En quelle qualité Ouyahia peut-il donc décider qui est patriote et qui ne l’est pas ? Sur quel critère ? Le patriotisme est une notion extrêmement intime. L’amour de la patrie est un sentiment propre à chaque individu, difficilement quantifiable surtout par quelqu’un d’autre.

Qu’Ahmed Ouyahia évoque le sujet avec tant de légèreté est devenu une tendance. Le patriotisme est devenu un exercice rhétorique utilisé abondamment par le directeur de cabinet de la présidence et d’autres pour encenser leurs alliés et discréditer leurs adversaires.

Il est en effet plus facile d’accuser quelqu’un d’être antipatriotique plutôt que d’avancer des arguments convaincants. Dans les faits, rien ne légitime Ouyahia à accorder des « brevets de patriotisme » aux uns et pas aux autres. Le postulat initial devrait toujours être que tout le monde aime son pays. En cas de preuve du contraire, plutôt que de faire des déclarations, c’est la justice qu’il faut immédiatement saisir puisque ce sont les intérêts du pays qui sont directement atteints.

L’absence de « présomption de patriotisme » dans la réflexion intellectuelle d’Ouyahia est d’ailleurs au cœur de ce qui l’amène aujourd’hui à être le plus ardent défenseur de l’article 51 de la révision constitutionnelle, qui interdit aux binationaux d’accéder aux hautes responsabilités de l’État et aux fonctions politiques. Pour le chef de cabinet de la présidence, le binational est forcément moins patriote, donc forcément moins digne d’accéder aux plus hautes fonctions du pays…

Enfin, en faisant cette déclaration, le secrétaire général du RND crée plus de problèmes qu’il n’en résout, pour lui comme pour le gouvernement qu’il est censé soutenir. En distinguant le ministre de l’Industrie en particulier comme étant un patriote, Ahmed Ouyahia laisse par définition sous-entendre que d’autres ministres ne le sont peut-être pas.

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