La levée des sanctions contre l’Iran agace l’Arabie saoudite et Israël

Six mois après la conclusion de l’accord nucléaire de Vienne, au terme d’un long marathon diplomatique, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a certifié que Téhéran avait bien respecté toutes ses obligations destinées à garantir la nature strictement pacifique de son programme nucléaire, mettant fin à un contentieux de plus de treize ans.

« L’Iran ayant rempli ses engagements, aujourd’hui, les sanctions économiques et financières multilatérales et nationales liées au programme nucléaire iranien sont levées », ont annoncé dans la foulée les chefs de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, et iranienne, Mohammad Javad Zarif, dans une déclaration commune.

L’accord nucléaire historique entre l’Iran et les grandes puissances (les « 5+1 ») est donc entré en vigueur samedi, entraînant une levée des sanctions économiques qui frappaient depuis des années cette puissance régionale aux riches ressources pétrolières et gazières.

Sur le papier, cette levée doit se dérouler sur calendrier de 10 ans, et l’AIEA peut, dans un laps de 15 ans, la suspendre à tout moment, en cas de manquement de Téhéran.

Dans les faits, l’Iran, mise au ban depuis plusieurs décennies, retrouve pleinement sa place dans l’arène internationale. Le pays normalise aujourd’hui ses relations conflictuelles avec la principale puissance mondiale, les États-Unis. « Nous avons réalisé des progrès historiques grâce à la diplomatie sans passer par une nouvelle guerre au Moyen-Orient », a déclaré Barak Obama depuis La Maison Blanche. « Cela démontre ce que nous pouvons faire avec de la force, de la sagesse, du courage et de la patience », a-t-il ajouté.

Sans passer par une nouvelle guerre au Moyen-Orient ? 

L’accord finalisé a été aussi mal accueilli à Tel-Aviv qu’à Riyad. L’État hébreu a réagi samedi en affirmant que Téhéran n’avait « pas abandonné ses ambitions de se doter d’armes nucléaires ». D’ailleurs, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, n’avait pas attendu l’annonce formelle de la signature de l’accord pour juger que celui-ci était « une erreur historique pour le monde ».

Pour sa part, en mars dernier, alors que les « 5+1 » étaient en pleine négociations sur le dossier nucléaire iranien, le prince saoudien Turki al-Faisal, ancien responsable des renseignements du royaume, avait mis en garde l’Occident contre un risque de course à l’armement nucléaire au Moyen-Orient. Une allusion à l’Arabie saoudite qui pourrait, elle aussi, demander le droit à mettre en œuvre un programme nucléaire.

Israël et l’Arabie saoudite, deux alliés traditionnels des États-Unis, considèrent avec beaucoup de soupçon la normalisation des relations américano-iraniennes. Avec pour Israël et l’Arabie Saoudite la même inquiétude : jusqu’où l’Iran, nouvelle puissance régionale, voudra-t-elle pousser ses ambitions ?

Du côté israélien, où l’on a depuis longtemps normalisé les relations avec l’Arabie saoudite, l’arrivée de l’Iran dans les enjeux régionaux fait courir un risque de déstabilisation des consensus actuels qui pourrait notamment remettre en cause le très mauvais statu quo international sur le dossier palestinien.

Du point de vue de Riyad, le renversement géopolitique actuel redonne à l’Iran une place dominante dans la région aux dépens de l’Arabie Saoudite. Ce pays, confronté à des tensions internes, est englué dans un conflit difficile au Yémen.

Sur un plan économique, le retour de l’Iran sur le marché pétrolier, à la faveur de la levée des sanctions occidentales pesant sur le pays depuis 2012, risque de compromettre davantage la reprise de cours au plus bas en douze ans. Face au surgissement des États-Unis, devenus les premiers producteurs mondiaux devant l’Arabie saoudite et la Russie, l’Opep, cartel sous la férule de l’Arabie saoudite, défend désormais des parts de marchés et non plus un niveau de prix, qui était pourtant sa raison d’être.

La normalisation diplomatique américano-iranienne va continuer à affecter les cours. Ce lundi, le Brent est passé sous les 28 dollars, un niveau jamais vu depuis 2003 !

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