Les Algériens ont cette réputation de ne jamais être contents, de râler tout le temps et de ne rien faire. Cette perception par l’Algérien de lui-même est devenue un mythe admis et reconnu et il fait le bonheur des étrangers qui ne nous aiment pas. Ainsi, nous alimentons par nous-mêmes cette « algérophobie » qui fait se gausser les autres et à laquelle nous nous sommes habitués nous-mêmes.
Certes on ne nous aime pas et alors ? Il y a ceux qui en tirent fierté et expliquent cette attitude par la jalousie. D’autres par le fait, en ce qui concerne la France, d’avoir battu à plate couture une armée française encore traumatisée par sa défaite humiliante et écrasante au Vietnam où la bataille de Dien Bien Phu a été ressentie par les Français comme la plus grande défaite militaire jamais subie par leur pays. Toute cette antipathie est vraie et elle s’explique par des hauts faits de l’Histoire.
Donc, qu’on soit un peuple malaimé, pourquoi pas ? Et après tout, les Américains qui sont le peuple le plus haï sur la planète, ça ne les empêche de dominer le monde et de considérer qu’ils sont le pays du bonheur !
Si les Algériens sont si « haïssables » c’est parce qu’ils sont un peuple fier et courageux. Sans tomber dans l’autosatisfaction béate, ni dans le narcissisme bon marché, il faut dire qu’en une cinquantaine d’années, l’État national algérien a surgi, non pas du néant mais d’une volonté de vouloir ériger cet État coûte que coûte, certes avec des maladresses, des erreurs et même des crimes…
Nous sommes partis de très bas et revenus de très loin. Simone de Beauvoir, dans ses mémoires, écrivait, dans les années 40 à propos des Algériens : « Je n’ai pas rencontré des êtres humains, ni même des végétaux. J’ai rencontré des êtres minéralisés par la faim et la maladie de la mort lente ».
On en est plus là et aujourd’hui, les écoles, les hôpitaux, les universités, les journaux libres et courageux se multiplient et se déploient sur tout le territoire national. La famine et les épidémies ont été éradiquées depuis longtemps. Notre politique internationale est donnée en exemple, malgré les sornettes des journalistes français qui sont devenus « les voix de leurs maîtres ».
Les villes s’urbanisent et se modernisent ; Alger et son métro ultra moderne et ultra propre, nos tramways rutilants ; Tlemcen qui a retrouvé son apparat de l’époque des Zianides et ses éclats d’antan; Constantine n’est plus cette vieille ville grise et poussiéreuse mais une ville moderne avec un centre extrêmement cosmopolite et d’avant-garde.
En ce qui concerne l’art, des musées sont érigés, des salles de cinéma sont restaurées et des festivals jalonnent le pays.
Certes, il y a – aussi – des lacunes, des échecs, une injustice sociale flagrante, une corruption comme inexorable et une organisation politique de l’État qui laisse beaucoup à désirer. Et il suffit de si peu pour que notre pays devienne vraiment moderne, vraiment démocratique, etc. Grâce à un soubresaut du pouvoir actuel et de son opposition. Mais surtout grâce à une vraie prise de conscience politique collective des Algériens eux-mêmes !!
Toujours est-il que si on comparaît l’Algérie des années 40 dont parlait Simone de Beauvoir et l’Algérie d’aujourd’hui, les avancées ont été fulgurantes. Vraiment ! Mais peut mieux faire, beaucoup mieux faire.
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