Plaques de rues : Des noms de martyrs effacés

L’administration de la wilaya d’Alger a décidé d’enlever les anciennes plaques des rues et d’en installer d’autres. L’idée est salutaire vu toutes les erreurs signalées sur ces panneaux. Sauf que, suprême bêtise, ces plaques, de couleur bleue, se dégradent une fois installées sur les murs des immeubles. Les lettres disparaissent une à une et les noms inscrits ne sont presque plus reconnaissables. Des noms de martyrs sont ainsi effacés. Zighoud Youcef (1921-1956), perd quelques lettres de son prestigieux nom. Hassiba Ben Bouali (1938-1957), belle héroïne de la Bataille d’Alger, connaît ce même sort funeste. Les services de la wilaya, dont le contrôle des installations n’est pas le fort, n’ont, à ce jour, pas pris la décision qui s’impose : changer ces plaques et laver l’affront. Le wali d’Alger, Abdelkader Zoukh, qui réside à la rue Zighoud Youcef, du nom du héros de l’attaque du Nord-Constantinois du 20 Août 1955, aurait dû se rendre compte de cette situation qui n’honore pas son administration. L’opération de baptisation, menée au pas de charge, a été lancée plus tôt sur instruction des pouvoirs publics. Conformément au décret présidentiel n°14/01 du 5 janvier 2014 fixant les modalités de baptisation et de débaptisation des institutions, lieux et édifices publics (qui abroge le décret du 5 avril 1997), M. Zoukh a présidé l’année dernière un séminaire réunissant des cadres chargés de l’opération. Le wali, cité par la presse, a rappelé qu’«il est temps d’effacer les vestiges du colonialisme sanguinaire alors que l’Algérie vient de célébrer les 52 ans de son indépendance». Selon le décret publié au JORA (n°1), après l’installation du comité interministériel chargé de prendre les mesures opérationnelles nécessaires, chaque wilaya mettra en place une commission présidée par le secrétaire général et composée de plusieurs membres (président de l’APW, directions des moudjahidine, de la santé, PTIC, etc.). 40 000 rues sans nom ! Une autre commission technique communale, présidée par le président de l’APC (article 3 du décret 14/01), prendra en charge la baptisation ou la débaptisation de l’immobilier d’habitat et des équipements collectifs, ainsi que des différentes voies de circulation se trouvant sur le territoire de la commune. La mission des APC est de mettre en place une banque de données basée sur un recensement de tous les biens immobiliers, agglomérations et différentes voies. Objectif : établissement d’un système d’adressage et de codification et, partant, création d’un organisme en charge de la politique d’adressage et de la constitution d’un fichier national d’adressage qui donnera naissance à un annuaire national d’adresses. Ce fichier, couplé à d’autres fichiers nationaux, aurait de multiples usages visant à faciliter le quotidien des citoyens. Toutes ces opérations permettront de mettre en place le «système d’information géographique» (SIG). La fin des opérations est prévue pour l’année 2016, nous signale-t-on. Le GPS devrait probablement être mis en place à cette date, si tout va bien. Signalons que des milliers de rues, établissements, etc., ne portent pas de nom, alors que des cités ne sont pas baptisées à ce jour (appelées par la vox populi «cités numériques»). Il s’agit de quelque 40 000 rues, soutient Brahim Atou, géographe et membre de la commission permanente de toponymie mise en place en 1998, mais qui ne siège plus en raison du non-renouvellement de ses membres. «L’administration algérienne n’a pas nommé une seule rue depuis 1962. La ville d’Alger ne dispose que de 2800 noms», relève en substance l’expert, qui a pris part au colloque sur la toponymie organisé par le HCA. 

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