L’intervention égyptienne en Libye change la donne

Il a suffi qu’un groupe lié à Daech mette en scène une exécution – bien réelle – le 15 février dernier, de 21 Egyptiens coptes sur une plage de Tripolitaine pour que l’aviation de guerre égyptienne se déchaîne sur des villes libyennes. Le président Al Sissi ne cache plus l’intention de son pays d’intervenir militairement de façon ouverte et illimitée contre son voisin de l’Ouest.



Mieux, le président égyptien en appelle à la communauté internationale et aux voisins de la Libye pour intervenir militairement. Panique à Alger où la volonté de trouver une solution pacifique au conflit libyen est non seulement affichée, mais constitue un des plus gros efforts de sa diplomatie. L’implication de la Tunisie dans l’effort de dialogue inclusif dans ce pays a fait naître un réel espoir de succès à Alger, que l’intervention égyptienne a complètement hypothéqué.


Pourtant, Alger avait jusque-là résisté aux innombrables appels du pied et pressions de certaines capitales européennes qui rêvaient d’une guerre par proxy, menée par l’ANP au profit de ces dernières. Du coup, la dichotomie qui existe au sein de l’ANP s’accentue entre les partisans de l’intervention et leurs détracteurs.


Certains pensent qu’il faudrait profiter du dispositif mis en place par l’ANP aux frontières Est pour littéralement «débloquer» les grandes villes libyennes et faire reculer les troupes d’Ançar Charia vers l’Ouest, où elles seraient prises en charge par l’armée égyptienne. D’autres privilégient un scénario semblable à celui qu’entreprend l’Egypte, en choisissant les attaques aériennes ciblées sur les regroupements de forces et l’infrastructure de Daech en Libye.


No man’s land


Beaucoup considèrent, à juste titre, que la prétendue implantation des adeptes de l’Etat islamique à nos portes est un mythe. Même si des groupes ont fait allégeance à l’Etat terroriste en Syrie et en Irak, leurs bastions se situent à l’est de la Libye et sont de fait très éloignés de l’Algérie. La frontière algéro-libyenne donne du côté algérien sur un no man’s land saharien, rendant les éventuelles expéditions de groupes libyens très difficiles.


Un no man’s land où la présence de l’ANP est très forte. Reste la question de la Tunisie, dont le Sud est sous une menace réelle d’infiltration de groupes et dont la protection est aussi un argument fort pour les interventionnistes algériens. D’ailleurs, l’armée de l’air algérienne est en alerte depuis le début des frappes égyptiennes.


Pour rappel, sans jamais l’admettre, l’armée algérienne a fait des interventions limitées ces deux dernières années sur le côté libyen de sa frontière et a, avec de gros moyens humains et techniques, monté une grande opération d’exfiltration de ses diplomates qui étaient sous le feu des milices libyennes en 2014. Il reste qu’officiellement, à l’instar du reste de la communauté internationale, l’Algérie refuse l’idée d’intervenir sur le sol libyen de façon ouverte et illimitée.






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